Une approche gastronomique de la confiture

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‎Merci à André Crouzilles‎ dans Le Cahier d’Emilienne pour sa très belle chronique.

Sa famille est très connue dans le grand Cognaçais et une légende attribuerait son nom au professeur Adolphe PINARD qui, député, aurait fait voter un texte pour la fourniture quotidienne d’un quart de vin rouge aux soldats du front.
On évoque aussi une étymologie partant du latin Pinea (pomme de pin) qui donna en ancien français pine, le mot désignant d’abord la pomme de pin mais aussi ce qui peut lui ressembler comme la grappe de raisin d’où la dérive pineau et Pinard.
Aurélie PINARD est donc une charentaise pure souche, « née à l’hôpital de COGNAC » il y a moins de 40 ans et je vous mets au défi de dire son âge car son sourire et son dynamisme en font une jolie jeune femme aux yeux clairs.

J’entendais parler d’Aurélie depuis quelques temps et je voulais vraiment la rencontrer.
Je voulais découvrir d’abord le personnage que j’avais déjà imaginé par quelques photos et lignes d’écriture et sa dernière passion, les confitures.
9H30 précisés et comme convenu, je sonnais donc Rue Plumejeau à Cognac, cette longue rue qui part de l’avenue Victor Hugo et traverse la place Camille Godard pour continuer à l’infini.
Je me retrouve devant une immense porte d’ancien chai, blanche comme une page à écrire, discrète comme un personnage talentueux.
Les quelques secondes qui se sont écoulées entre mon coup de sonnette et l’apparition d’Aurélie dans l’embrasure de la porte m’ont permis de laisser mon imagination débordante faire son œuvre et je dois dire que je n’ai pas été déçu !
Aurélie apparaît, une grande jeune femme d’une énergie débordante, un sourire éclatant, vêtue d’une belle robe longue jaune fleurie « vos chaussures jaunes sont assorties à ma robe » me glisse Aurélie.
Le décor des lieux correspond en tous points à ce que j’avais imaginé il y 2 minutes de l’autre côté de la porte; un petit coin « école » avec un tableau à l’ancienne et des sièges d’école des années 60 « j’ai du faire l’école à ma fille pendant le confinement », un grand lit recouvert de coussins où l’on aurait envie de dévorer des tonnes de livres, des meubles chinés dans les brocantes, des livres, des étagères recouvertes de confitures « tiens curieux » et au fond des bouteilles témoin que nous sommes là avec une enfant PINARD, fière de sa famille, de ses racines « mon frère produit la Goule, une bière bio ».
Je me permets quelques minutes de repérage et je comprends alors que ce que je suis venu découvrir aujourd’hui n’est pas du tout ce que je pensais !
Non je ne suis pas chez une confiturière ordinaire, pas du tout du tout.
Aurélie me propose de rejoindre sa cuisine pour petit-déjeuner ensemble comme convenu et commencer les dégustations.
« Aurélie, derrière un produit il y a un personnage et avant toutes choses, c’est ce personnage que j’aimerais découvrir pour ensuite comprendre et découvrir ces confitures ».
Marché conclu, Aurélie accepte de se prêter au jeu de mes questions parfois indirectes, de se prêter au jeu de petites questions qui permettent au fil de l’eau au personnage de se révéler.
« Parler d’un produit sans dépeindre son producteur ne m’intéresse pas » et Aurélie adhère de suite.
Je découvre ainsi minute après minute une jeune femme tout à fait attachante et vraiment rayonnante, je crois que c’est ce rayonnement qui m’a le plus frappé tout au long de notre entretien.
« Mes 2 grand-mères cuisinaient et petite déjà j’étais passionnée de cuisine au point que je préparais les repas pendant que ma mère travaillait dans les vignes » …. Et oui nous parlons d’une époque que les jeunes de 20 ans n’ont pas connu !
« C’était une évidence pour mes parents que je devienne cuisinière » et Aurélie a donc fait ses études au Lycée de l’Amandier à Saint-Yriex sur les mêmes bancs que David David Fricaud, notre mascotte du Cahier d’Emilienne.
« Nous aimions la compétition avec David, surenchérir sur une idée de plat, toujours avec amitié » et sa façon de parler de David m’a de suite plu car il le sait même s’il n’aime pas l’entendre, je suis très admiratif de son parcours et de la personne humble qu’il est resté.
Aurélie a donc été une cuisinière et je dois dire que je l’imaginais bien en Cheffe.
Seconde de cuisine dans un restaurant en Angleterre avant de revenir en France, à Cognac, « la vie m’a ramenée à Cognac ».
Aurélie a eu la joie de mettre au monde une petite fille aujourd’hui âgée de 10 ans « j’ai dû quitter la cuisine pour élever ma fille car les horaires n’étaient pas compatibles ».
Et c’est ainsi qu’Aurélie se retrouve réceptionniste dans un bel Hôtel Restaurant de la place de Cognac, le Château de l’Yeuse, alors que Pascal NEBOUT est Chef de cette très belle maison dominant la vallée, située aux portes de Cognac.
« La cuisine me manquait et je faisais des confitures avec les citrouilles du jardin respectueux de l’Yeuse, reprenant les recettes de ma Confitrouille que je faisais et vendais à l’âge de 14 ans quand mon Papa organisait chaque année la Fête de la courge ».
Et puis j’ai réalisé d’autres confitures toujours à base de fruits et herbes du jardin de l’Yeuse et les clients ne savaient pas que les confitures qu’on leur servait au petit déjeuner étaient en fait réalisées par la réceptionniste de l’hôtel !!!!
« Certains clients étrangers les appréciaient au point de demander comment en rapporter chez eux ! ».
Sagittaire, on retrouve bien chez Aurélie une fille avec les pieds sur terre, solidement encrés, et la tête dans les étoiles.
Elle aime voyager, l’inde est un pays tout à fait spécial pour cette cuisinière confiturière, avec l’odeur des épices qu’elle intègre progressivement dans ses créations mais aussi celle la plus belle, de l’amour … chut
Au bout de plusieurs minutes de compréhension de l’univers de ce personnage atypique, la tête pleine de projets (son autre projet me titille déjà le stylo pour en parler !), je comprends que ces confitures ne doivent et ne peuvent pas être vendues comme de simples confitures.
Chaque pot est en fait un chapitre du roman de la vie d’Aurélie et là je fonds : « J’ai 10 ans », une confiture de figues aux noix de la Noyeraie des Borderies, est un morceau de vie d’Aurélie « Du haut de mes 10 ans, pour pouvoir acheter des caramels, j’embarquais les copines à cueillir des figues pour faire des confitures que nous vendions encore chaudes au club du 3ème âge ».
Nous avons passé plus d’une heure avec Aurélie, assis autour de cette table de petit déjeuner dégustation avec vue sur les toits de Cognac.
« Cerise à la menthe », Courge Pomme Gingembre », « Courge Orange Cognac », Melon au Pineau des Charentes », « La Gloire de mon grand-père », « French Kiss ».
Et puis « Caramel Fleur de sel », un caramel avec du sucre de canne bio, du sel de l’île de Ré et la crème et le beurre demi-sel de la ferme de la Grande Dennière à Blanzaguet (16).
Les confitures d’Aurélie sont celles d’une fine cuisinière mais aussi d’un nez.
Il y a dans la construction de ces bijoux la patte d’un nez comme celle d’un parfumeur, on met une cuiller de confiture dans la bouche, on ressent de suite le fruit et ensuite en second le goût de l’herbe ou de l’ingrédient de complément.
C’est extrêmement bien construit, raffiné, ce ne sont pas des confitures de gourmands mais de gourmets.
Comme les grands Chefs ont l’art de conserver le goût de chaque ingrédient d’un plat, Aurélie a l’art parfaitement maitrisé de conserver le goût de chaque ingrédient de ses confitures.
Nous avons évoqué quelques mariages possibles de ces confitures avec des plats salés ou sucrés, des cocktails avec le surprenant « Nectar de Sureau » que les experts en myxologie vont forcément apprécier.
Aurélie aime que ses clients goûtent et lui disent ce qu’ils ressentent, en bien ou en mal.
C’est une vraie cuisinière, une gastronome, une amoureuse de la vie, Aurélie a tous les ingrédients en main pour élaborer des confitures gastronomiques.
J’ai déjà penser à 2 points de vente en Charente pour ces magnifiques produits, bien évidemment la Maison de Charente à Tusson de Maud Fauconnier et Jean Poux mais aussi Chez RIFFAUD à Mansle de Marie Six et David David Riffaud.
On ne peut pas cacher aux gastronomes un tel produit que vous pouvez acheter pour le moment sur le site internet d’Aurélie.
Le goût est une connaissance essentielle pour un enfant et je me suis permis de suggérer à Aurelie quelques ateliers d’éveil au Goût à travers ses créations.
J’ai ainsi eu la très grande chance en ce matin du Mercredi 27 Mai d’intégrer l’école du Goût d’Aurélie.
Encore un immense merci à David FRICAUD sans qui je n’aurais pas connu Aurélie.
Mes amies, la morale de l’histoire :
« La cuisine et tous les produits qui l’accompagnent ne doivent tolérer aucune faiblesse de qualité car c’est ce que nous mangeons qui nourrit notre âme et notre attitude envers les autres.
Ne comparez jamais les prix des produits mais leurs qualités et pour se faire, apprenez sans cesse auprès de celles et ceux qui les font ».
La cuisine est avant tout une histoire, celle des gens qui la font.

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